280 pages....pourquoi ? comment ?

   
"...les uns ont battu la nuit les gerbes dans le même état qu'avant d'avoir été battues, ce qui offrait aux yeux un simple monceau de paille, et c'est ce qu'ils appellent Souffler la gerbe." (Archives Départementales,4B418)




       Au tout début de cette histoire, il y a eu une rencontre, bien évidemment. Un dossier de 10 cms d'épaisseur que je reçus il y a dix ans aux archives départementales de Brest alors que je répertoriais les documents susceptibles d'intéresser notre association de patrimoine communal. Je survolais rapidement les feuillets et découvris des procès-verbaux, des interrogatoires, des requêtes d'officiers de justice et d'avocats.







               la requête qui mit le feu aux poudres....



    Certaines phrases étaient émouvantes, et si VIVANTES, que je me sentais happée par cette actualité de plus de 200 ans. Je me promis alors, si je le pouvais un jour, de restituer ces évènements oubliés. Ce qui fut possible lorsque mon travail bascula en temps partiel. L'année qui suivit me plongea alors longuement dans le XVIIIème siècle, tandis que je me documentais sur la vie quotidienne de l'époque. Il est vraiment troublant de vivre dans un endroit que l'on ressent vibrer, par toutes sortes de témoignages encore présents de nos jours, d'une animation disparue.





quelques lignes extraites des documents  :


"Disant que l'esprit de révolte et malignité a tellement saisi depuis deux ans les habitants de la paroisse de La Feuillée pour se soustraire au paiement de la dîme ... qu'ils doivent à Monsieur le Commandeur ... que les stratagèmes qu'ils ont inventés à cet effet paraitront inconcevables à ceux-même qui connaissent le mieux le caractère astucieux des paysans."

"Cependant, par l'effet des moyens de récusation....cette procédure reste sur site et les emprisonnés gémissent sous le poids de leurs fers. Il faut faire juger si les moyens de récusation proposés...sont pertinents ou non, mais ou et par qui les faire juger ?"

"...il est de l'intérêt du général de se réunir à eux pour se défendre en commun contre cette action calomnieuse et générale.."

"Or, ce serait mettre le comble à cette usure, si on autorisait le commandeur de Malte (un étranger dont les droits doivent être resserrés dans des plus justes bornes) à augmenter son champart...."

"Les sieurs Carquet et Lédan sont-ils d'ailleurs excusables, après avoir perçu tous leurs droits en entier, et fait toutes les exactions sans le moindre obstacle, d'avoir fait un procès criminel sous le nom du Roi, pour des faits qui se trouvent démentis par une perception non retardée d'un seul instant ? ... le domaine où les suppliants supporteront ces frais, eux qui ont souffert, sans commettre la moindre violence, les plus grandes exactions ?"

"Ainsi messieurs les juges de Châteauneuf du Faou n'ayant point encore pu trouver de coupables relativement aux faits ... dénoncés, et ne s'étant rien passé depuis qui put mériter le moindre reproche, il ne leur reste qu'à renvoyer tout à fait absous ceux qu'ils ont décrété dans cette affaire."




"Archivore"....

       N'étant pas historienne de formation, j'ai choisi de rédiger ces évènements sous forme de roman, préférant  toucher les lecteurs par un autre chemin. Les grandes étapes de cette affaire étaient ainsi plus légères à approcher, par le biais de l'histoire de mon héroïne, Julienne. Il m'a donc suffit de superposer les trois trames qui me paraissaient évidentes à croiser, à savoir la chronologie de la procédure,  les épisodes de la vie quotidienne paysanne du XVIIIème et les lieux feuillantins que je souhaitais mettre en valeur. Et puis les quelques personnages fictifs qui se sont invités dans le livre ont fait le reste.... 



        Une fois le manuscrit clos, l'aventure a continué pendant une autre année. Elle a débuté par le premier coup de téléphone aux éditeurs...Allo ? Mon histoire vous intéresse-t-elle ? ...Quand on découvre le nombre astronomique de manuscrits que ces maisons reçoivent, il y a parfois matière à se décourager ! Mais heureusement, existent les "petits" éditeurs, qui fonctionnent au coup de coeur. Coëtquen éditions m'a répondu après seulement deux mois d'attente. Un joli cadeau de nouvelle année. L'autre découverte agréable a été de voir mon récit respecté dans ses imperfections. Ce n'était pas un produit marketing que l'on remodelait, mais un engagement honnête de collaboration "en l'état". Toutefois, il ne suffit pas d'être publié, il faut également promouvoir son travail et l'implication de l'éditeur. Articles, contacts, participation aux animations locales et dans les bibliothèques. Tout est nouveau pour moi et me permet de pénétrer un nouveau milieu en faisant des rencontres enrichissantes.







Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :